FORMATION CONTINUE POUR LES PROFESSIONNELS
Les planches de pharmacothérapie des addictions
Méthodes de développement des médicaments
Le développement d’un nouveau médicament est souvent une entreprise de longue haleine avec des multiples risques d’échec. C’est pour cela que différentes stratégies sont appliquées dans la recherche pharmacologique afin de simplifier parfois le processus de développement.
Dans cette planche nous allons faire une courte revue de ces différents types de développement pharmacologique.
Pour une indication spécifique (p.ex. l’addiction à une substance particulière), on peut ou bien développer une substance de novo ou bien essayer de repositionner une substance qui est déjà sur le marché, mais avec une autre indication. Le problème d’un développement de novo réside surtout dans la durée, les couts et le risque d’échec puisque la substance doit passer toutes les phases du développement, c’est-à-dire les phases précliniques avec des essais in vitro et sur des animaux ainsi que les phases I à III du développement clinique prémarketing. Du moment qu’on utilise une substance déjà introduite sur le marché, plusieurs phases du développement de la substance ne seront plus nécessaires, p.ex. les procédures initiales de screening (in vitro et in vivo) pour trouver une substance candidate, le développement de la production chimique, la toxicologie et la phase I (et éventuellement II) du développement prémarketing. Ceci réduit bien évidemment fortement les risques d’échec et diminue souvent de presque la moitié les couts avant autorisation de mise sur le marché pour l’indication.
Deux approches peuvent être distinguées pour ce qui concerne le repositionnement.
La première, appelée substance connue – nouvelle cible, part du constat qu’un médicament particulier peut éventuellement interagir avec plusieurs cibles biologiques. Il s’agira ainsi de ce qu’on appelle un dirty drug. L’identification des des actions pharmacologiques secondaires (jusque là hors cible) permettra éventuellement développement du médicament dans une nouvelle indication pour laquelle cet effet pharmacologique est justement recherché. L’utilisation de l’antiépileptique topiramate est un exemple, qui est utilisé en addictologie en exploitant ses actions sur les récepteurs GABA-ergiques et glutamatergiques.
L’approche cible-connue nouvelle indication se base sur le fait que certaines cibles biologiques peuvent être impliqués dans différents troubles. Par exemple, les antidépresseurs de la classe des ISRS ont, après l’AMM pour la dépression par la suite été validés aussi dans l’indication des troubles anxieux.
Pour ce qui concerne le développement de novo, nous pouvons aussi distinguer deux types de développement: les vrais de novo et les me too (donc moi-aussi) de novo. Une vraie substance de novo amène une innovation conceptuelle, tandis que les substances me too sont simplement des nouvelles molécules avec des cibles pharmacodynamiques pour lesquelles d’autres substances sont déjà sur le marché. Un énième ISRS serait un exemple de me too, l’agomélatine serait un exemple d’un vrai de novo.
Daniele Zullino
Prof. méd., Médecin chef de service
Hôpitaux Universitaires de Genève
Service d’addictologie
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