Vente régulée du cannabis en Suisse
Etude de faisabilité
Introduction
Le fédéralisme suisse facilite les projets pilotes
La Suisse est un état fédéral composé de 26 cantons, qui jouissent d’une large souveraineté. Ils disposent notamment d’une grande autonomie dans le domaine de la santé publique. Ainsi chaque canton a sa loi sur la santé.
Ceci permet au cantons de tenter des projets pilote qui ne rencontre pas forcement un large consensus au niveau fédéral.
Le lancement des projets de salles de consommation et de prescription médicale d’héroïne en sont des exemples.
Mouvements vers une régulation de la vente
Nous assistons actuellement dans un certain nombre de pays à une prise de conscience de la faillite du modèle repressif et à la prise en considération de différents modèles de régulation du marché du cannabis.
Ces évènements ont contribué à relancer le débat sur la politique vis-à-vis de cette substance en Suisse.
Le groupe inter-villes
Plusieurs villes et cantons se sont organisés dans un groupe de travail pour discuter l’expérimentation de la vente régulée de cannabis. Plusieurs projets sont prévus couvrant différentes approches (cf. modèles) et différents groupes de consommateurs (cf. groupes)
De ce groupe est né un comité de recherche regroupant des chercheurs des Universités de Genève, Bâle, Zurich et Berne.
Les Sujets
Personnes qui consomment pour apaiser des mal-êtres / affections médicales pour lesquelles n’existe pas d’indication officielle (p.ex. anxiolyse). Ne sont pas considérés pour ce groupe les patients pouvant bénéficier d’une prescription de produits à base de cannabis pour une indication acceptée par l’Office Fédéral de la Santé Publique (p.ex. spasmes dans le cadre d’une sclérose en plaques).
Les points de vente
Associations de consommateurs (Cannabis Social Clubs)
Organisations à but non lucratif, non accessibles au public, dont l’objectif est de cultiver du cannabis pour le seul usage de leurs membres adultes.
Modèles existants : Espagne, Belgique, Uruguay
Avantage des pharmacies : infrastructure et processus pour gestion de substances contrôlées déjà en place. Surtout pour projets incluants des consommateurs en automédication.
Modèles existants : Californie, Uruguay
Méthodes
Type d'étude
Questionnaire
Calcul nombre de sujets recrutables
Pour calculer la probabilité de participation sous différents conditions cadres, les valeurs des réponses ont été transformés de la manière suivante :
Très probablement p = 1.0
Probablement p = 0.75
Environ 50/50 p = 0.5
Plutôt pas p = 0.25
Probablement pas p = 0.0
Les probabilités ont par la suite été calculés à partir des prévalences de consommation de cannabis connues pour Genève.
3 modèles avec des conditions cadres progressivement plus exigeantes ont été définies (cf. Fig Intentions de participation) pour estimer le nombre de participants possibles.
Résultats
Participants en Suisse
Consommation cannabis
- Prévalence vie 97.5%
- Prévalence 30 jours 82.0%
- > 20 jours de consommation / mois 50.3%
Sélection
Questionnaire complété
Données consistantes concernant âge et lieu de résidence
Echantillon analysé
Moyenne CUDIT : 11.2
Consommateurs à risque (CUDIT > 8) : 65.5%
Motifs de consommation
Auto-attribution dans un groupe
Interêt à participer dans les projets de vente régulée
88.7% participeraient si la seule condition cadre était la limitation des produits cannabis à 5 concentrations de THC
52.3% participeraient si en plus 4 exigences supplémentaires
Seulement 11.3% seraient d’accord de participer en cas d’application de toutes les conditions énumérées.
Les conditions les plus dissuasives étaient celles qui concernent des enregistrements policiers.
Les participants potentiels dans le canton Genève seraient ;
643-1929 sujets pour le modèle 1, 357-1072 sujets pour le modèle 2, et 71-214 sujets pour le modèle 3
Conclusions
- Les consommateurs de cannabis intéressés aux programmes pilotes suisses de vente régulée fument surtout pour le plaisir.
- Pour garantir un recrutement suffisant, les conditions cadres ne devraient pas être trop invasives.
- Sous des conditions cadre avec des exigences de suivi des sujets, mais sans enregistrements policiers, le projet pilote genevois apparaît comme aisément réalisable